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Ce soir, j’ai reçu la lettre de mon cher ministre de l’éducation, Vincent Peillon. Fatigué après une journée de travail, je n’ai pas eu le courage de la lire..

Elle est sans doute intéressante et certaines questions que je vais poser y trouveront peut-être une réponse, mais ce soir j’ai envie de parler de ce qui fait la majeure partie de ma vie depuis quatre ans : mon métier…

J’ai toujours voulu être enseignant.Au primaire, je regardais es enseignantes travailler et je disais à mes parents que je serai instituteur. En cinquième, j’ai attrapé le virus de l’histoire. C’était décidé, je serai professeur d’histoire. Je voulais faire de ma passion ma vie…

Baccalauréat en poche, je m’inscris donc à la fac d’histoire et je suis un cursus d’étudiant classique : DEUG, Licence.. J’aurais pu m’arrêter là et passer les concours pour devenir enseignant, mais ne me sentant pas prêt à être devant les élèves, j’ai décidé de me lancer dans un Master recherche en histoire moderne.

Celui-ci obtenu, je m’inscris à l’IUFM pour passer les concours. Et là, comme on dit parfois dans certaines mauvaises séries, c’est le drame…

On ne m’apprend pas à faire un cours, on ne m’apprend pas à travailler avec des enfants… Non, non, on m’apprend à retenir des masses de connaissances scientifiques en histoire ou en géographie et lors du module professionnel, on fait de l’historiographie et de épistémologie de la géographie…

 Soit, il faut bien un critère de recrutement, pourquoi ne pas choisir celui du niveau de connaissance… Je passe donc le concours… Admissibilité, ça passe.. Malheureusement, éternel stressé, je perds mes moyens devant les jurys et j’oublie tout ce que j’ai pu apprendre… Ce concours sera donc un échec…

Après deux tentatives infructueuses, je me demande si finalement je suis fait pour ce métier… Je ne suis pas une bête à concours. Les oraux sont toujours pour moi un drame.. Mince, mon future métier est un métier d’oral…

Je décide donc d’arrêter les frais et de m’inscrire auprès de la direction diocésaine pour faire des remplacements. Au moins je saurais si je suis fait pour ce travail…

Et là, c’est la confirmation.. Lancé sur le terrain du jour au lendemain, après une brève formation de quelques heures, je me rends compte que j’adore ce métier… Ma première année sera celle de la découverte du métier, je vais de remplacement en remplacement, d’établissement en établissement…

C’est à ce moment que je découvre la précarité des non-titulaires… Parce qu’il faut oser le dire, malgré les beaux discours, l’Education Nationale emploie un nombre important de personnels précaires, et ce, dans des conditions souvent déplorables… Pour information, un neoprof non titulaire gagne 1250 euros net pour un niveau bac plus 5… Certes, ils n’ont pas obtenu le sésame que constitue le concours.. Est-ce une raison pour ne leur donner que 1250 euros, pour un travail équivalent ? Il faut ajouter que souvent le premier mois, le non-titulaire n’est pas payé, il l’est le mois suivant puisqu’il entre dans les fichiers du rectorat en dernier… Le rectorat lui donne donc fin octobre, ce qu’il ose appeler une avance, alors qu’il s’agit d’un retard de salaire et le reste le mois suivant..

Chaque année, ces non-titulaires doivent attendre fin aout début septembre pour être nommés sur les postes vacants, alors qu’on connait la liste de ces postes au mois de juillet….

 Aujourd’hui, j’ai obtenu ce sésame. Parallèlement à mes heures d’enseignement, je continuais à passer les concours de recrutement, et j’ai fini par décrocher le CAFEP-CAPLP externe…

Je gagne 500 euros de plus, net, que mes collègues non-titulaires, et ce pour un travail équivalent… je n’oublie pas mes années de précarité et je me sens solidaire de tous ces non-titulaires de l’Éducation Nationale…

Je lis et j’entends ces derniers jours que le ministère de l’Éducation Nationale va recruter 40 000 nouveaux enseignants…

Je pense ce soir à tous mes collègues précaires qui galèrent et qui n’y arrivent pas pour une raison X ou Y mais qu’on est content d’embaucher tous les ans pour « boucher les trous » Ne peut-on pas commencer par résorber l’emploi précaire avant d’annoncer de façon tonitruante que l’on va recruter des dizaines de milliers de nouveaux enseignants ?

Le métier n’attire pas… Ne peut-on pas commencer par le rendre plus attractif en améliorant la rémunération ou les conditions de travail ?

Je me pose simplement quelques questions, j’espère que notre ministre apportera quelques réponses… Je crains fort que ce ne soit pas le cas…

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