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#JesuisRépublique

Publié: 25/01/2015 dans Politique
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Mercredi 7 janvier, il est 14h, je suis en classe.

Aujourd’hui, nous nous intéressons à l’histoire des femmes. Ce n’est pas toujours facile de parler de la libération de la femme à une classe de 19 garçons qui parfois ont des schémas très machistes.

Mercredi 7 janvier, 14h, mon téléphone sonne.

« – Excusez moi, messieurs, j’ai oublié de l’éteindre. »

Je me saisis du téléphone et je vois qu’il y a de nombreuses alertes infos.

« – Apparemment, il se passe quelque chose de grave à Paris. »

Mercredi 7 janvier, 14h30. J’apprends la terrible nouvelle. De nombreux morts dans une fusillade à Charlie Hebdo.

Mercredi 7 janvier, 17h. Un SMS du cabinet du maire me parvient. Un rassemblement aura lieu place Maurice Marchais à Vannes pour rendre hommage aux victimes du terrorisme.

Mercredi 7 janvier, 18h. Je me dépêche de rejoindre les autres vannetais devant l’hôtel de Ville. L’ambiance est au recueillement. Incrédules, nous nous regardons, nous nous saluons. Difficile de se souhaiter une bonne année dans ces circonstances. Nous restons là, en silence, nous ne comprenons pas ce qui a pu se passer dans la tête des meurtriers.

Les chaînes de télévision sont en boucle sur cet attentat. Et cette question qui me vient : que vais-je pouvoir bien dire en classe ? Vais-je devoir en parler ? Je ne peux pas ne pas en parler, je suis prof de français et d’histoire après tout.

Vendredi 9 janvier, 9H.

La phrase est lancée par un de mes élèves : C’est encore des arabes…

Comment réagir ? Comment montrer que la diversité  est source de richesse ?

Il m’est impossible de laisser passer cela.

La République, c’est la tolérance, le respect de chacun dans sa diversité.

Je parle avec mon cœur. Comment ces valeurs que l’ont m’a enseignées peuvent-elles autant m’émouvoir ? Pourquoi suis-je autant retourné par ces attentats ?

Ils m’écoutent attentivement, je ne sais pas si ils ont compris tout ce que j’ai essayé de leur faire passer.

Je l’espère simplement.

Comme beaucoup, je suis profondément attaché aux valeurs qui m’ont permis de devenir celui que je suis aujourd’hui. C’est je pense le rôle de l’enseignant de transmettre ces valeurs qui fondent notre République et notre vivre ensemble.

Et maintenant, que faire ? Que faire de cet engouement et de ce rassemblement autour des valeurs qui nous sont chères ?

La ministre de l’éducation a annoncé des réformes pour que nous puissions continuer à transmettre ces valeurs. Les intentions sont bonnes, mais ce n’est pas suffisant. C’est le rôle de tous les enseignants de participer à la construction du citoyen, pas simplement celui du professeur d’éducation civique. On nous promets des formations aux valeurs républicaines. Espérons que cela ne restera pas de vains mots.

Mais l’école ne doit pas être seule .

Au delà, c’est notre rôle à nous, citoyens, ou politiques de montrer l’exemple et de défendre nos valeurs de liberté, d’égalité, de solidarité et de laïcité. Chacun à son niveau, chacun à sa place.

Sachons combattre les extrémismes quels qu’ils soient et malgré nos opinions parfois divergentes, sachons nous rassembler sur l’essentiel.

Après demain, je souhaite que nous puissions tous dire, au-delà de nos différences : je suis République.

« Tous pourris ! »

C’est malheureusement la phrase que nous allons encore entendre dans la bouche de nombreux de nos concitoyens ces prochains jours.

Le scandale du compte en Suisse de Jérôme Cahuzac va, sans doute, éloigner une part encore plus importante des Français de cette classe politique si souvent décrédibilisée  Le mot moralisation est aujourd’hui dans la bouche de l’ensemble de la classe politique française. Je rappelle au passage, qu’en 2012, François Bayrou proposait déjà un référendum sur cette question.

Il est tout de même étonnant de voir certains partis parler de moralisation quand on sait que nombre de leurs élus ont été condamnés, ou sont fortement soupçonnés  et sont toujours en fonction. Tous les élus ne sont pas fraudeurs, tous ne sont pas menteurs, mais l’amalgame qui est en train d’être fait est dangereux pour notre démocratie.

Cette affaire est peut-être une des conséquences de la dérive de notre système politique. On ne fait plus de la politique pour servir les autres, on fait de la politique pour faire carrière.

Il est peut-être temps de faire de la politique autrement.

La politique n’est pas l’affaire de professionnels.

La politique c’est l’affaire de tous. Je me désole souvent de voir les appareils parisiens parachuter localement quelques énarques (et la Bretagne a été une terre promise à beaucoup d’entre eux) ou quelques membres de cabinets ministériels, localement – ils sont souvent les deux. Comment peut-on croire que des personnes qui ont vécu si longtemps loin des réalités du terrain, puissent parler au nom de leurs concitoyens ? Comment peut-on croire que des personnes qui ont, une fois leurs études terminées, intégré des cabinets ministériels ou collaboré avec des parlementaires puissent comprendre la réalité et le quotidien des Français ?

Certes, je ne mets pas dans le même panier tous ces élus. Certains sont capable de comprendre quelles sont les attentes de leurs concitoyens. Malheureusement, la politique devient bien trop souvent un « métier » qui éloigne du quotidien.

Je souhaite voir émerger une nouvelle génération de politiques. Une génération qui cassera les codes actuels, qui décidera de s’investir pour les autres et pas pour faire carrière. Une génération qui pense que le cumul des mandats n’est pas compatible avec l’exercice complet de ceux-ci.
Une génération pour qui demander aux autres ce que l’on ne s’applique pas à soi-même est illogique. Une génération qui décidera de ne plus faire de promesses impossibles à tenir.
Peut-être sont-ce ici des vœux pieux, peut-être suis-je le seul à l’espérer. J’ose croire que ce n’est pas le cas. Changeons la politique, prenons les choses en main, investissons-nous.
Les élections municipales qui s’annoncent seront l’occasion pour de nombreux citoyens de s’engager. Peut-être permettront-elles l’émergence de nouvelles équipes, de citoyens qui veulent changer les choses.

Et si le changement, c’était maintenant ?