Egypte sous haute-tension

Publié: 16/08/2013 dans Politique

Une Révolution peut-elle être pacifique ?

La question se pose aujourd’hui quand on voit les événements qui se déroulent en Égypte.

Après l’espoir né du renversement de Moubarak et des élections qui ont suivies, c’est aujourd’hui le doute qui s’empare des Égyptiens.

Un an après la victoire des Frères Musulmans, qui sous Moubarak étaient pourchassés, les oppositions entre Égyptiens semblent plus profondes que jamais.

Les Frères Musulmans au pouvoir ont imposé une série de réformes conduisant à l’islamisation du régime. Mais c’est surtout la situation économique et sécuritaire dégradée qui ont conduit des millions d’Égyptiens dans la rue pour réclamer le renversement du président égyptien.

Démocratisation impossible ?

Le renversement de Mohamed Morsi par l’armée peut également nous questionner. L’armée, hyper-puissante, en Égypte n’a jamais cessé d’observer la situation et a constitué un bastion d’opposition à Morsi. Profitant des mécontentements, elle a renversé celui dont la politique extérieure devenait problématique (soutien au Hamas). Ce coup d’état militaire et la suspension de la constitution peuvent nous questionner sur la véritable possibilité d’une démocratisation de l’Égypte. Une fois le pouvoir réellement rendu aux civils, que feront les militaires, si un nouveau gouvernement ose s’opposer à eux ? Que feront-ils si le résultat des urnes ne les satisfait pas ? Autant de questions qui restent en suspens.

Situation à la syrienne ?

Aujourd’hui la situation est chaotique, les divisions sont si grandes que toute réconciliation semble difficile. La démission d’El Baradei, prix Nobel de la paix, nous montre que les libéraux sont eux aussi choqués par l’intervention de l’armée.

La communauté internationale a unanimement condamné les massacres qui ont eu lieu au Caire et a appelé (tardivement ?) au calme. Rien ne semble pourtant faire plier l’armée qui compte d’autres soutiens que les États-Unis, les Émirats Arabes Unis, notamment, ou l’Arabie Saoudite.

La radicalisation des différents camps en présence et la violence des affrontements peut faire craindre une aggravation de la situation et une véritable guerre civile. C’est ce qu’essayent d’éviter les voisins de l’Égypte qui craignent une déstabilisation de la région. Cette situation égyptienne est observée avec inquiétude en Tunisie, où le gouvernement dirigé par le mouvement islamique Ennahda est aussi contesté et craint une contagion.

Rappelons qu’une transition démocratique est toujours difficile. C’est un processus lent. N’oublions pas qu’en France, il a fallu attendre 1880 et trois révolutions pour qu’une République démocratique s’impose. Espérons simplement que les choses se calment et que tous les courants politiques puissent se mettre autour d’une table pour discuter de l’avenir de l’Égypte.

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