65 millions d’historiens …

Publié: 05/09/2013 dans Politique

Non, Monsieur Stéphane Bern, De Gaulle ne disparaît pas des programmes scolaires…

Après 60 millions de spécialistes de politique étrangère, nous nous retrouvons avec 60 millions d’historiens.

Hier ont été publiés les projets d’allègements des programmes d’histoire-géographie de troisième, première et terminale professionnelles et générales. Depuis, on hurle au scandale sur des aménagements qui viendraient à faire disparaître De Gaulle des programmes scolaires…

Certes, l’histoire de France n’appartient pas aux seuls historiens ou professeurs d’histoire-géographie, mais ils sont sans doute les plus à même de donner leurs avis sur ces allègements et ces reformulations. Est-ce que je dis à mon boucher comment il doit choisir ou découper sa viande ?

 

Surpris ce matin par les affirmations de certains journalistes (et les déclarations de Stéphane Bern sur BFMTV) et n’ayant pas de troisième en histoire-géo cette année, j’ai décidé de cliquer sur le lien du mail que mes inspectrices avaient rédigé à l’intention des enseignants de l’académie concernant les allègements en troisième.

 

Il est temps que certains journalistes fassent attention à ne pas tomber dans le sensationnalisme. Non, De Gaulle ne disparaît pas des programmes d’histoire-géographie ! Son attitude pendant la guerre est toujours mise en parallèle avec celle du maréchal Pétain et les années De Gaulle sont toujours au programme dans le thème sur la Vème République. Ce qui disparaît c’est l’intitulé du thème : De Gaulle et le nouveau système républicain. La reformulation qui a été faite ressemble beaucoup à l’ancien programme d’histoire, qui lui ne faisait pas scandale.

 

Beaucoup d’enseignants se plaignaient de ne pouvoir terminer ce programme qui était devenu assez lourd. Ces thèmes étaient abordés en fin d’année et étaient parfois survolés, faute de temps. Si cet allègement permet de mieux comprendre l’histoire de la Vème République et l’histoire immédiate, je ne vais pas m’en plaindre.

 

Pour ceux qui saisissent cet allègement pour s’en prendre au gouvernement socialiste, je leurs dis juste qu’ils se trompent de combat. Il y a bien d’autres sujets sur lesquels on peut combattre la politique du gouvernement.

 

Pour plus d’informations :

 

http://eduscol.education.fr/histoire-geographie/actualites/actualites/article/projets-damenagements-des-programmes-dhistoire-geographie-a-la-rentree-2013.html

 

Objectif 2025 … C’est donc le cap que s’est lancé aujourd’hui le gouvernement. Imaginer ce que sera la France de 2025 et mettre en place les politiques nécessaires pour y arriver..

Malheureusement, je crains, comme toujours, et comme le disait Jacques Chirac, que cela ne fasse encore pshitt…

Cela fait maintenant plus d’un an que François Hollande a été élu président de la République et les réformes structurelles se font attendre. Comme toujours, nous sommes dans la communication politique.

C’est beau : imaginons la France de demain, la France d’après ? (ce n’est pas sans me rappeler un slogan de l’UMP) Seulement, pour que cette France de demain puisse exister, encore eut-il fallu que la politique appliquée par le gouvernement soit en cohérence avec cet objectif. Pour le moment, on ne voit aucune cohérence, mais plutôt une politique au jour le jour, sans véritable cap.
Je ne blâme pas le gouvernement actuel, le projet présidentiel de François Hollande était un programme irréaliste et irréalisable selon moi. Les gouvernements précédents n’ont pas fait beaucoup mieux.

Cela fait plus de vingt ans que la politique et les politiques, en général ont perdu cette vision à long terme. On gère la France au jour le jour en limitant les dégâts. C’est ce que j’appelle la politique du sparadrap.. On annonce un déficit de quelques milliards d’euros, on trouve en catastrophe une solution. On nous annonce un problème de retraite , on fait une réformette qui limitera les dégâts. Le chômage augmente, on propose des emplois aidés qui résorbent le problème à court terme.
Un bandage est insuffisant pour arrêter une hémorragie.

Plutôt qu’imaginer la France de 2025, agissons pour la France de 2014. Ayons le courage de dire aux Francais que nous devront tous faire des efforts si nous souhaitons conserver notre système de retraite ou de Sécurité sociale. Osons équilibrer le budget, osons réformer l’administration, attaquons nous à la réforme territoriale… Et de grâce, arrêtons cette communication inutile et contre-productive.

Egypte sous haute-tension

Publié: 16/08/2013 dans Politique

Une Révolution peut-elle être pacifique ?

La question se pose aujourd’hui quand on voit les événements qui se déroulent en Égypte.

Après l’espoir né du renversement de Moubarak et des élections qui ont suivies, c’est aujourd’hui le doute qui s’empare des Égyptiens.

Un an après la victoire des Frères Musulmans, qui sous Moubarak étaient pourchassés, les oppositions entre Égyptiens semblent plus profondes que jamais.

Les Frères Musulmans au pouvoir ont imposé une série de réformes conduisant à l’islamisation du régime. Mais c’est surtout la situation économique et sécuritaire dégradée qui ont conduit des millions d’Égyptiens dans la rue pour réclamer le renversement du président égyptien.

Démocratisation impossible ?

Le renversement de Mohamed Morsi par l’armée peut également nous questionner. L’armée, hyper-puissante, en Égypte n’a jamais cessé d’observer la situation et a constitué un bastion d’opposition à Morsi. Profitant des mécontentements, elle a renversé celui dont la politique extérieure devenait problématique (soutien au Hamas). Ce coup d’état militaire et la suspension de la constitution peuvent nous questionner sur la véritable possibilité d’une démocratisation de l’Égypte. Une fois le pouvoir réellement rendu aux civils, que feront les militaires, si un nouveau gouvernement ose s’opposer à eux ? Que feront-ils si le résultat des urnes ne les satisfait pas ? Autant de questions qui restent en suspens.

Situation à la syrienne ?

Aujourd’hui la situation est chaotique, les divisions sont si grandes que toute réconciliation semble difficile. La démission d’El Baradei, prix Nobel de la paix, nous montre que les libéraux sont eux aussi choqués par l’intervention de l’armée.

La communauté internationale a unanimement condamné les massacres qui ont eu lieu au Caire et a appelé (tardivement ?) au calme. Rien ne semble pourtant faire plier l’armée qui compte d’autres soutiens que les États-Unis, les Émirats Arabes Unis, notamment, ou l’Arabie Saoudite.

La radicalisation des différents camps en présence et la violence des affrontements peut faire craindre une aggravation de la situation et une véritable guerre civile. C’est ce qu’essayent d’éviter les voisins de l’Égypte qui craignent une déstabilisation de la région. Cette situation égyptienne est observée avec inquiétude en Tunisie, où le gouvernement dirigé par le mouvement islamique Ennahda est aussi contesté et craint une contagion.

Rappelons qu’une transition démocratique est toujours difficile. C’est un processus lent. N’oublions pas qu’en France, il a fallu attendre 1880 et trois révolutions pour qu’une République démocratique s’impose. Espérons simplement que les choses se calment et que tous les courants politiques puissent se mettre autour d’une table pour discuter de l’avenir de l’Égypte.

« Un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne »

C’est la fameuse phrase prononcée en son temps par Jean-Pierre Chevènement qui nous est ressortie et servie à toutes les sauces depuis hier soir.

Delphine Batho a refusé de « fermer sa gueule », elle a été démissionnée…

C’est parce que la ministre de l’écologie a osé critiquer la baisse du budget de son ministère qu’elle a été convoquée par le premier ministre avant d’être démise de ses fonctions. Par cet acte, le président et son premier ministre ont voulu montrer qu’ils savaient faire preuve d’autorité et qu’il fallait soutenir l’action gouvernementale quand on est ministre.
Pourtant, cette action semble encore être une maladresse présidentielle. Une de plus, me direz-vous. En effet, cette décision apparaît comme une sanction disproportionnée quand on sait que d’autres sont allés beaucoup plus loin dans leurs critiques de la politique appliquée par le gouvernement socialiste.


Souvenons-nous des déclarations d’Arnaud Montebourg :
« Tu fais chier la terre entière avec ton aéroport de Notre-Dame-des-Landes, tu gères la France comme le conseil municipal de Nantes »
Même si cette déclaration ne fut pas publique, elle a été confirmée à demi-mots par Jean-Marc Ayrault.

De la même façon, Cécile Duflot ne s’est pas privée de dire qu’elle soutenait les critiques des écologistes envers la politique gouvernementale alors qu’elle est co-responsable, en tant que ministre, de cette politique.


Le renvoi de Delphine Batho apparaît donc comme une maladresse supplémentaire. En effet, il est toujours plus simple de s’en prendre à une ministre moins médiatique et moins « puissante » politiquement parlant qu’à un ministre qui représente l’aile gauche ou l’aile écologiste de son gouvernement. En choisissant de sanctionner Delphine Batho et de réprimander mollement ceux qui critiquent ouvertement la politique présidentielle, François Hollande montre son incapacité à gérer une partie de sa majorité.


Est-il encore pensable que cette majorité hétéroclite va terminer le mandat qui lui a été confié en 2012 ? Un an après les élections présidentielles et législatives, la majorité apparaît comme incapable de se mettre d’accord sur de nombreux sujets et sur le sujet principal en cette période de crise : le budget.


Au lieu de sanctionner une ministre qui s’est peut-être sentie autorisée à dire tout fort ce que beaucoup devaient penser tout bas, n’aurait-il pas fallu commencer par sanctionner ceux qui ont émis des critiques beaucoup plus virulentes ?

N’est-il pas temps pour le gouvernement de montrer son unité et de laver son linge sale en privé ? Critiques, désaccords, mésententes sont fréquentes au sein d’une même famille politique, mais cela doit avant tout se régler en interne.

Avec cette nouvelle affaire, François Hollande apparaît comme un mauvais maître d’école qui s’en prend à l’élève sage du premier rang qui a osé faire une bêtise pour faire peur au cancre du fond de la classe. Il est peu probable que le cancre choisisse de se calmer et cela risque d’envenimer les choses, une partie de la classe soutenant la bonne élève.

On y est ! La France est officiellement en récession ! L’activité économique est au ralenti et les tentatives du gouvernement socialiste pour relancer l’économie semblent bien vaines.
Il faut dire que relancer l’économie en subventionnant des emplois publics (quitte à aggraver le déficit public) et en délaissant les PME et TPE, au cœur de notre tissu économique, ne semble pas être la solution au chômage de masse.

Cela peut sans doute être une solution temporaire mais pas LA solution.

Le gouvernement socialiste a d’ailleurs dû se remettre en question auprès de la commission européenne pour pouvoir obtenir un sursis.

Tout le monde le déplore aujourd’hui mais peu dénonçaient les dérives budgétaires du pays. Après des décennies d’aggravation du déficit public, la France est désormais au pied du mur.
Elle n’a jamais réussi à respecter le fameux critère du 3 % de déficit public. C’est d’ailleurs une des raisons qui a enfoncé la zone euro dans la crise : comment mener une politique monétaire commune sans une politique budgétaire rigoureuse et un strict respect des critères de Maastricht ?

François Hollande va donc devoir annoncer de véritables réformes structurelles.

Nous ne sommes plus dans le temps de la communication mais dans celui de l’action.

Ces réformes ont été trop longtemps repoussées, que ce soit par le gouvernement actuel ou les précédents.
Il est temps de mener une véritable réforme territoriale afin de simplifier le mille-feuille administratif et de supprimer les doublons qui aggravent les déficits.
Il est temps de dire la vérité aux Français : non, nous ne pouvons plus vivre au dessus de nos moyens. Oui il faudra faire des sacrifices, ou tout du moins des concessions.

Le système de retraite devra être réformé en profondeur (Il faut d’ailleurs noter que cela a été une des rares réformes structurelles courageuses du gouvernement, malheureusement celui-ci n’est pas allé jusqu’au bout de la logique).

Le système de sécurité sociale devra sans doute aussi être revu. Les réformes qui ont été faites depuis plusieurs années sont insuffisantes et ce système qui est une des richesses de notre pays doit être réformé en profondeur.

Enfin, il ne faut pas mentir à nos concitoyens, nous ne pouvons plus aujourd’hui continuer à remplacer tous les fonctionnaires qui partent à la retraite, nous ne pouvons plus aujourd’hui continuer à dépenser l’argent public comme si les caisses pouvaient se remplir miraculeusement. Il faut s’astreindre à une certaine rigueur budgétaire même si le mot peu faire peur. La rigueur n’empêche pas l’investissement, elle permet simplement de mieux réfléchir à ceux qui sont réellement utiles.

Et si une des solutions, ce n’était pas moins d’Europe mais plus d’Europe. Et si nous décidions enfin de mettre en commun certaines politiques pour faire des économies et surtout être plus efficaces ?

Osons franchir le cap : osons le fédéralisme !